
Ces mots de Boris Cyrulnik m’ont particulièrement touché, car ils rétablissent une vérité trop souvent déformée de nos jours. On parle de résilience à tout-va, comme si elle était la seule voie légitime vers le bonheur, comme si vivre des épreuves difficiles était une condition sine qua non pour devenir une “belle personne”. Pire encore, comme si la souffrance devenait presque un passage obligé pour avoir le droit de goûter au bonheur.
Je me suis toujours agacé de cette façon de voir les choses. Est-ce à dire que l’on ne peut pas grandir, apprendre et devenir sage sans avoir souffert? Est-ce que l’observation du monde, la réflexion, et l’empathie ne suffisent pas à nous faire évoluer? Pourquoi faudrait-il nécessairement passer par la douleur pour atteindre la sagesse ou la paix intérieure?
Oui, j’ai moi-même traversé des épreuves, comme beaucoup d’entre vous. Et, bien sûr, j’en ai tiré des leçons. Des armes pour mieux vivre, en cultivant l’empathie, la distance face aux difficultés, et en cherchant cette légèreté si précieuse. Mais à quel prix ? Ces enseignements sont nés de la souffrance, une souffrance que je n’aurais pas choisie et que je ne souhaite à personne.
Je refuse de croire que la souffrance soit indispensable pour accéder à une forme de sagesse. Cette quête, je crois qu’on peut la mener sans devoir forcément passer par des traumatismes. Ce que dit Boris Cyrulnik ici est essentiel : la résilience est une manière de résister au malheur, pas un “mode d’emploi du bonheur”. Elle ne doit pas être brandie comme un étendard, ni comme une excuse pour justifier les coups durs de la vie. Il est temps d’arrêter de la glorifier comme la clé du bonheur, parce qu’elle ne l’est pas.
Qu’en pensez-vous ?
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